Le Projet ForestInnov

Augmenter la gamme des essences autochtones de bois d'œuvre en les plantant en mélange permettra (i) d'augmenter la productivité des forêts plantées en profitant des synergies entre espèces et (ii) de subvenir durablement aux besoins futurs en bois de qualité de l'industrie ivoirienne et en bois d’énergie pour les populations, tout en (iii) restaurant les écosystèmes forestiers et le potentiel de biodiversité des forêts plantées (récolte de produits divers : pharmacopée, gastéropodes, champignons, semences forestières, etc.).

Avantages

Le commerce des bois tropicaux africain vers les pays industrialisés est en forte perte de vitesse en raison de la raréfaction des essences de valeur, voire de leur disparition. La Côte d’Ivoire en subit les conséquences en raison de la forte réduction des surfaces de forêts denses humides qui a aussi un effet défavorable sur le microclimat et sur les cultures vivrières et commerciales. Il est donc urgent d’inverser cette tendance. Les plantations en mélange d’essences d’arbres autochtones sont une partie de la solution à ces problèmes. Une plantation en mélange est composée d'au moins deux espèces d'arbres dont les exigences pour la lumière, l'eau et les éléments minéraux sont compatibles. Une telle plantation (i) exploite mieux le potentiel productif du milieu, (ii) résiste mieux aux aléas dont les changements climatiques. Pour les installer, il faut bien connaître les espèces et avoir une bonne technicité, ce que le projet a pour buts de préciser et de vulgariser. 

Expériences passées

Il y a très peu de plantations en mélange en Afrique, même au niveau expérimental. La Côte d’Ivoire a été un pays précurseur dans ce domaine avec la mise en place des premiers essais de plantations en mélange dès le début des années 1960. Au total, 21 mélanges différents d’espèces autochtones ont été testés pour être comparés aux plantations pures. Les acquis de ces travaux expérimentaux n’ont pas été actualisés depuis la fin des années 1990.

Valeur ajoutée

Comparativement aux plantations monospécifiques, la valeur ajoutée des plantations en mélange consiste en : (i) une production de biomasse et une séquestration du carbone accrues (ii) une meilleure résilience (iii) un meilleur contrôle des plantes adventices (IV) une meilleure conformation des grumes (v) une augmentation de la biodiversité végétale et animale, (vi) un impact positif sur la fertilité des sols (vi) une régulation microclimatique (v) la prévention des maladies, (vi) l’amélioration de l'infiltration des eaux de pluies et la réduction de l'érosion. Au niveau économique, elles permettent (i) l’adaptation du choix des essences aux marchés (ii) un retour sur investissement progressif par la récolte échelonnée des essences en mélange (iii) un meilleur rendement matière et financier lors de la récolte finale.

Conséquences pour la filière

Le projet vise l’adoption à grande échelle des plantations en mélange pour garantir la survie du secteur industriel du bois en répartissant les risques sanitaires et économiques dans un contexte d’évolution climatique et d’instabilité économique, tout en augmentant les services écosystémiques rendus par les forêts. Les nouveaux itinéraires techniques de conduite des peuplements seront vulgarisés auprès des sylviculteurs tant privés que publics et adaptés aux plantations agroforestières de cacao et de café en vue de leur certification. L'installation de plantations en mélange garantira à terme l'alimentation durable de la filière bois tant industrielle, qu’artisanale et énergétique. Enfin, la restauration de l’environnement générera des conditions environnementales plus favorables aux productions agricoles.